Ragondin : un nuisible qui peut faire beaucoup de dégâts

La lutte contre le ragondin, de son nom scientifique Myocastor coypus, est actuellement incontournable en raison de l’ampleur des dégâts qu’il cause. En effet, la présence de ce rongeur présente d’innombrables risques, que ce soit dans le domaine agricole, écologique, hydraulique ou sanitaire.

Découvrez dans ce billet pourquoi la prolifération de ragondin constitue un danger pour nos exploitations agricoles, notre santé et notre sécurité !

Ragondin : qui es-tu ?

Le ragondin (Myocastor coypus) est un rongeur appartenant à la famille des Myocastoridés (c’est d’ailleurs son seul représentant). Originaire d’Amérique du Sud, il a été introduit dans le vieux continent au 19e siècle pour sa fourrure. C’est alors que le ragondin s’est mis à peupler les milieux aquatiques d’eau douce de nos contrées.

Avec une longueur de 40 à 60 cm, le ragondin est pourvu d’une queue longue de 25 à 45 cm. Il est recouvert d’une fourrure de couleur brun foncé. Adulte, il peut peser jusqu’à 9 kg. Il est donc plus imposant que son cousin éloigné le rat musqué (Ondatra zibethicus). Vous pourrez facilement le reconnaitre grâce à ses moustaches (ou vibrisses) de couleur blanche et ses dents orangées.

Comme la plupart des rongeurs, le ragondin bénéficie d’une ouïe et d’un odorattrès développés. Par contre, il a une vue qui laisse à désirer.

Habitat, alimentation et mode de reproduction du ragondin

Vous retrouverez le ragondin sur les abords aquatiques. Il a une prédilection pour les eaux à faible courant et creuse ses terriers sur les berges des étangs et des rivières. Il arrive même qu’il s’attaque aux digues.

Le ragondin a un régime alimentaire herbivore et se nourrit de végétaux aquatiques (nénuphars, joncs, roseaux…). Toutefois, si ces sources de nourriture commencent à s’épuiser, il se tournera vers les exploitations agricoles à proximité.

Ce rongeur vit 10 ans et atteint sa maturité sexuelle à 7 mois. Il peut avoir jusqu’à 3 portées par an, avec 5 à 7 petits chacune.

Les dégâts et dangers causés par la présence de ragondin

Si aujourd’hui le ragondin est classé dans la liste des animaux nuisibles, c’est parce que les dégâts qu’il occasionne sont innombrables.

1) Dégradation des berges et fragilisation des terrains

Très actif, le ragondin creuse des tunnels dans la terre. Malheureusement, la multiplicité de ces galeries entraine de nombreux dégâts :

• Fragilisation du sol
  
• Détérioration des berges
  
• Affaissement des digues, ce qui provoque une inondation des champs
  
• Destruction des aménagements hydrauliques à proximité des cours d’eau et des fossés
  
• Déracinement des arbres
  
• Modification du relief (dans le cas d’une forte prolifération)
  

2) Pollution d’eau

À cause des terriers qu’il creuse, le ragondin accentue le phénomène d’érosion des berges, ce qui va accroitre la turbidité de l’eau ainsi que la propagation de polluants organiques. Cette perte de la qualité de l’eau est particulièrement dommageable dans le cas d’un étang-réservoir d’une exploitation agricole.

3) Appauvrissement de la flore environnante et destruction des cultures

Le ragondin est principalement herbivore. Il se nourrit notamment de végétaux aquatiques comme les nénuphars, les roseaux et les joncs. Très vorace, il est capable de consommer jusqu’à 40 % de son poids par jour (soit plus de 4 kg). De ce fait, une prolifération de l’espèce peut vite entrainer un appauvrissement de la flore par surpâturage et faucardage, mais pas seulement.

Car sachez que le ragondin est un animal qualifié d’« opportuniste ». En d’autres termes, il s’adapte à des milieux variés et peut donc recouvrir une large palette de plantes. De ce fait, il n’hésitera pas à se servir dans les exploitations agricoles à proximité. Betteraves, mais, céréales, fruits, navets, pommes de terre… le ragondin cause d’innombrables dégâts aux cultures.

4) Perturbation de l’écosystème aquatique

À cause de sa voracité, le ragondin détruit les milieux d’accueil de nombreuses espèces comme la rainette verte et le busard des roseaux.

Il présente d’ailleurs des impacts négatifs sur d’autres animaux herbivores à l’instar du castor d’Europe, avec qui il entre en concurrence (compétition alimentaire).

Il participe aussi indirectement à la diminution de la population de poissons dans les milieux aquatiques d’eau douce. En effet, la dégradation de la qualité de l’eau, conjuguée à la surconsommation de végétaux aquatiques, contribue à la destruction des frayères (endroit où les poissons déposent leurs œufs).

5) Transmission de maladies

Le ragondin, tout comme son cousin éloigné le rat musqué, constitue un réservoir bactérien de zoonoses. Parmi les maladies véhiculées par ce rongeur figurent notamment la leptospirose, la salmonellose, la douve du foie et la maladie de Lyme.

Les contaminations surviennent de différentes façons :

• La transmission de la leptospirose vers l’homme se fait par contact de la peau lésée ou d’une muqueuse avec l’urine du ragondin ou par une immersion dans des eaux souillées (c’est-à-dire contaminées par l’urine).
  
• Les contaminations de la salmonellose et de la douve du foie, quant à elles, s’effectuent par voie digestive, en consommant des aliments souillés par le ragondin.
  
• Pour ce qui est de la maladie de Lyme, elle est véhiculée par le ragondin et se transmet à l’homme par piqûre de tiques infectées.
  

Comment détecter la présence de ragondins ?

Les ragondins, tout comme les rats musqués, sont des animaux nocturnes et crépusculaires. Vous avez donc peu de chance de les croiser en journée. Néanmoins, ces rongeurs laissent derrière eux des traces facilement reconnaissables, par lesquelles vous pouvez déceler leur présence.

Voici les signes caractéristiques pour savoir si une horde de ragondins s’est établie à proximité de chez vous :

• L’eau devient trouble ou brunâtre, si elle était limpide auparavant
  
• Baisse de plus de 30 cm du niveau de l’eau
  
• Présence de terriers près des abords aquatiques
  
• Dégradation des berges et faucardage des cultures
  
• Traces de pattes dans la boue
  
• Présence de petites crottes cylindriques de couleur brune d’une longueur de 3 à 3,5 cm de long et de 1 cm de diamètre.
  

Comment venir à bout du ragondin ?

Outre-Atlantique et dans la plupart des pays européens, il est interdit de tuer des animaux à fourrure par empoissonnement. Ainsi, si vous comptez intoxiquer un ragondin avec des légumes farcis de poisons, oubliez cette idée ! D’ailleurs, cela peut représenter un risque pour les autres animaux.

Pour éviter la prolifération de ce rongeur, il existe 2 options :

1) La lutte préventive

• Installer des grillages sur les berges afin d’entraver le creusage des galeries.
  
• Déplacer les cultures si elles se trouvent trop près des abords aquatiques.
  
• Mettre en place des clôtures électriques
  

2) La lutte curative

• Recourir au piégeage. Mais pour cela, vous devez d’abord contacter votre mairie pour connaitre les règlements et permis requis pour capturer le ragondin.
  
• Chasser les ragondins lors des battues administratives
  
• Chasser avec un arc ou une arme à feu (permis de chasse obligatoire)