Les morsures de rats peuvent être à l’origine d’une zoonose que l’on appelle communément « Fièvre d’Haverhill », qu’il est nécessaire de savoir reconnaitre pour une prise en charge adéquate. En effet, les complications redoutées de cette affection causée par le Streptobacillus moniliformis et le Spirillum minus sont l’arthrite, la ténosynovite et l’endocardite, voire la mort, surtout en présence de problèmes de santé sous-jacents.
Bref, voici tout ce que vous devez savoir sur cette maladie !
Brève introduction !
Les rats ont une faculté de reproduction exceptionnelle. En effet, un mâle et une femelle peuvent notamment engendrer jusqu’à 5000 descendants en seulement une année. Ce qui veut dire que votre maison peut rapidement devenir une vraie tanière à rongeur si vous ne prenez pas les dispositions nécessaires. Hélas, cette population importante de nuisibles entraine une cohabitation parfois risquée telle que la survenue de morsures. Ces dernières provoquent dans la plupart des cas des plaies symptomatiquement polymicrobiennes. Les agents infectieux les plus fréquemment rencontrés dans les cas de morsures de rats sont le Streptobacillus moniliformis et le Spirillum minus qui peuvent occasionner des complications potentiellement graves.
En Europe et aux États-Unis, la fièvre par morsure de rat est occasionnée par le Streptobacillus moniliformis tandis qu’elle est provoquée par le Spirillum minus dans le continent asiatique.
Zoom sur les pathogènes responsables de la fièvre d’Haverhill
Ubiquitaires, le Streptobacillus moniliformis et le Spirillum minus font partie intégrante de la flore physiologique de la cavité buccale et nasale de certains rongeurs qui en constituent le réservoir. Les taux de colonisation les plus élevés sont retrouvés chez le rat, les souris et certains animaux qui se nourrissent de rongeurs comme la belette ou la fouine.
La transmission des agents pathogènes se fait par :
- Contact direct: cela se produit lorsqu’il y a eu morsure. Voilà pourquoi cette pathologie est communément appelée « fièvre par morsure de rat ».
- Ou par contact indirect: Ce cas de figure concerne uniquement le Streptobacillus moniliformis. Ce dernier peut se transmettre via des aliments ou des boissons contaminés (lait non pasteurisé). En d’autres termes, vous pouvez contracter la fièvre d’Haverhill si vous consommez des aliments ou des boissons en contact avec un rat ou une souris.
Bon à savoir :
- Contrairement au streptobacillus moniliformis, le Spirillum minus ne présente aucun effet nocif pour notre organisme s’il est ingéré.
- Les termes « streptobacillose » et « fièvre spirillaire » (les différents types de fièvres par morsure de rat) sont souvent utilisés, par abus de langage, comme synonyme de la « fièvre d’Haverhill », alors que cette dernière est une infection uniquement imputée à l’ingestion d’aliments et de boissons contaminés par le Streptobacillus moniliformis.
Manifestation de la fièvre par morsure de rat ou de la fièvre d’Haverhill
Chez l’homme, le Streptobacillus moniliformis et le Spirillum minus sont responsable de 2 grands groupes d’infections :
- Les infections locales causées par un contact direct, c’est-à-dire par la morsure du rongeur (bien qu’elle guérit rapidement dans la plupart des cas).
- Et les infections invasives (céphalées, vomissements, arthrites, pétéchies…) qui ne sont généralement pas liées à la morsure. Celles-ci surviennent après une période d’incubation de 4 à 21 jours.
| Les différents types de fièvres causés par le rat (ou autres rongeurs) | Streptobacillose (fièvre par morsure de rat) | Fièvre spirillaire par morsure de rat (sodoku) | Fièvre d’Haverhill |
| Symptômes généraux | · Frissons · Céphalées · Fièvre · Vomissements · Dorsalgies · Arthrites · Exanthèmes morbilliformes (éruption cutanée papuleuse) 3 à 5 jours après la période d’incubation · Polyarthralgies et polyarthrites après une semaine | · Fièvre récurrente · Frissons · Céphalées · Lymphadénites régionales (augmentation de la taille des ganglions lymphatiques) · Arthrite (dans des cas très rares) | Symptômes similaires à ceux de la streptobacillose, mais avec des vomissements plus importants + Pharyngite |
La fièvre d’Haverhill, la streptobacillose et la fièvre spirillaire par morsure de rat font redouter 3 complications graves :
- Prolongement de l’arthrite pendant des mois (dans le cas de la streptobacillose et de la fièvre d’Haverhill)
- Survenue de la ténosynovite (inflammation d’un tendon et de sa gaine synoviale)
- Manifestation d’inflammation du pharynx
- Et apparition de diverses inflammations cardiaques comme la péricardite (inflammation du péricarde, la membrane externe du cœur) et l’endocardite (inflammation de l’endocarde, la membrane recouvrant la cavité du cœur).
Comment traiter la fièvre par morsure de rat ?
Le traitement de la fièvre par morsure de rat dure généralement entre 7 et 10 jours grâce à l’antibiothérapie. Cette dernière comprend l’amoxicilline, la procaïne pénicilline et la pénicilline. Les alternatives sont l’érythromycine ou la doxycycline en cas d’allergie à la pénicilline.
Dans le cas de complications comme la péricardite ou l’endocardite, les patients recevront des doses élevées de pénicilline accompagnées de gentamicine ou de streptomycine.
ATTENTION
La fièvre d’Haverhill, la streptobacillose et la fièvre spirillaire peuvent provoquer la mort de la victime dans 10 % des cas.
Que faire après une morsure de rat ?
Les premiers soins à effectuer
Si vous vous êtes fait mordre par un rat, la première chose à faire est de désinfecter la plaie. Pour ce faire, lavez abondamment la zone touchée avec de l’eau du robinet ou du sérum physiologique. Procédez ensuite à un assainissement en utilisant un antiseptique non coloré et comprimez avec une compresse.
Une fois que vous aurez effectué à ces gestes de premiers soins, rendez-vous au plus vite chez votre médecin ou dans un centre de santé. Cela vous permettra d’évaluer les risques infectieux et de traiter convenablement la plaie.
La prise en charge d’une morsure de rat comprend généralement :
- Une anamnèse afin d’identifier le rongeur incriminé (domestique ou sauvage), de déterminer les contextes de la morsure ainsi que le temps écoulé depuis l’attaque.
- La recherche de facteurs de risque de complications, comme une allergie à un ou plusieurs antibiotiques.
- La vérification du statut vaccinal antitétanique.
- L’examen de la morsure afin d’évaluer sa gravité. Dans certains cas, un débridement sera nécessaire en cas de présence de corps étrangers ou de tissus morts.
- Et la documentation de la plaie par le biais de frottis bactériologiques.
Diagnostic de la fièvre par morsure de rat
| Fièvre streptobacillaire | Fièvre spirillaire |
| · Isolement du pathogène dans les hémocultures ou dans le liquide synovial · PCR (Réaction en chaîne par polymérase) · Test ELISA (méthode immuno-enzymatique) | · Analyse de frottis sanguins issus de la morsure ou des ganglions lymphatiques · Coloration de Pappenheim (coloration de May-Grünwald Giemsa) |
Le mot de la fin
Contrairement à de nombreuses autres maladies, la fièvre d’Haverhill, la Streptobacillose et la fièvre spirillaire peuvent être traitées grâce à une prise en charge médicale. Ainsi, n’hésitez pas à consulter au plus vite un docteur dans le cas de morsure de rongeur.
