Les guêpes sociales sont les plus nombreuses dans la faune entomologique française. Il n’est pas rare de les rencontrer au détour d’une rue, dans les parcs, les jardins et même dans certaines habitations où ces guêpes sociales se sont introduites par accident. Ces insectes suscitent une crainte qui est souvent injustifiée, alors qu’ils sont de nature calme et pacifique. En France, l’aspect des guêpes sociales est assez uniforme. Généralement, elles ont le corps noir avec des bandes jaunes latérales sur une partie de l’abdomen.
Le cycle biologique des guêpes sociales
Le cycle biologique des guêpes sociales est assez court. En effet, leurs colonies ne subsistent jamais d’une année à l’autre. La constitution de la colonie est l’œuvre d’une seule reine qui a été fécondée à la fin de l’été précédent et qui est restée bien à l’abri au cours de la période automno-hivernale.
L’hibernation commence au mois d’aout pour les espèces à nidification précoce, et se poursuit jusqu’en octobre pour les espèces tardives. Jusqu’à ce jour, les facteurs qui influencent l’entrée en hibernation sont inconnus et suscitent encore d’énormes études venant des scientifiques. Pour ce qui est des refuges pour l’hivernation, ils diffèrent en fonction des espèces de guêpes sociales. Mais en général, les reines se terrent dans les cavités d’arbres morts, dans le sol, dans les creux de souches ou sous des pierres. Les abris de jardin, les combles, les greniers, les dépendances et les hangars peuvent également leur servir d’abri. Elles restent dans cet hibernacle pendant environ 6 mois.
La plupart des guêpes sociales peuvent résister à de basses températures, mais il arrive que le froid extrême et l’humidité prolongée finissent par avoir raison d’eux.
La date du réveil des reines dépend de l’espèce de guêpes sociales. Si les plus communes, les Vespula, se réveillent en avril, les reines de la famille Dolichovespula n’apparaissent qu’un peu plus tard. Par un climat froid, ces reines ne retournent jamais dans leur hibernacle. Elles essayent de se protéger dans les herbes le sol. Par la suite, elles vont se reposer et se nourrir abondamment de nectar jusqu’à ce qu’elles soient assez fortes pour commencer la colonie.
C’est pendant les belles journées de printemps que la femelle fondatrice part trouver un endroit qui soit favorable à la fondation de son nid. Fréquemment, la reine choisit :
- La cavité du tronc d’un arbre
- La branche d’un arbre
- La cime d’un arbre
- L’interstice d’un mur
- Le plafond d’un grenier ou d’un comble perdu
Le nid des guêpes sociales : emplacements, aspects et populations
Notons d’abord qu’il existe différentes espèces de guêpes sociales, dont les plus connues sont :
- La vespula germanica
- La vespula vulgaris
- La vespula rufa
- La dolichovespula norwegica
- La dolichovespula sylvestris
- La dolichovespula media
- La vespo crabro
Les emplacements, les formes et les populations diffèrent en fonction de ces espèces.
Les espèces de la famille des Vespidés :
| Espèces | Emplacement | Aspect | Population |
| La vespula germanica | Leurs nids sont parfois enterrés dans le sol au bord d’une route, sous un talus, dans une pelouse, dans une haie et sous un tas de décombres. Les nids aériens sont bâtis dans des nichoirs, des ruches abandonnées, dans les cavités des murs | Le nid prend la forme d’un ovale et il est de couleur gris cendré. | Les colonies de vespula germanica peuvent faire 1500 à 50.000 individus. |
| La vespula vulgaris | Les nids souterrains sont construits à faible profondeur dans les jardins, les prairies, les talus et derrière un talus. Les nids aériens sont fixés sur les branches d’un arbre. | Assez petits, les nids comportent 2 à 4 rayons et sont gris. | Il est rare que la population de vespula vulgaris dépasse les 5000 individus. |
| La vespula rufa | Les nids sont souterrains et construits près de la surface du sol, sous un tas de conifères, et entre les racines. Ils se trouvent rarement en hauteur, mais plutôt dans les creux des murs. | Nid gris et peu volumineux. | Les nids comportent 3 rayons et abritent quelques milliers d’individus. |
Les espèces de la famille des dolichovespidés :
| Espèces | Emplacement | Aspect | Population |
| La dolichovespula norwegica | Les nids sont édifiés sur les branches des arbres, dans les buissons, sur les toits, les murs et les gros rochers. | Nids comportant 2 à 6 rayons. | Population peu nombreuse. |
| La dolichovespula sylvestris | Nids édifiés en hauteur sur les branches des arbres et des arbustes, dans les creux des murs et les nichoirs. Nids souterrains à faible profondeur. | Nid de petite taille qui comporte 2 à 4 rayons. | Population très peu nombreuse. |
| La dolichovespula media | Nids aériens fixés sur les branches d’arbres ou sous les corniches. | Nids peu volumineux de couleur grise. Comporte 5 à 7 rayons. | La population ne dépasse pas les 200 individus. |
| La vespo crabro | Nids fabriqués dans des arbres creux, les fissures de murs, les ruches abandonnées. On les retrouve aussi dans les greniers, les granges et dans des terriers d’animaux. | Nids de couleur brun-roux qui comportent 8 à 12 rayons. | Peut abriter jusqu’à 3000 individus. |
La construction du nid par les guêpes sociales
Après avoir choisi l’emplacement, la reine des guêpes sociales va se mettre au travail. Le matériau utilisé pour la conception de ce nid est de la fibre ligneuse qu’elle prélève sur les arbres et les poteaux. Elle broie cette fibre avec sa mandibule et la mélange avec de la salive pour lui donner la consistance du papier.
Généralement, la reine débute par construire une colonnette cylindrique solidement harnachée sur un support. Elle poursuit avec un alvéole rond et plusieurs alvéoles en tronc de pyramide hexagonale. Ceux-ci sont ouverts au niveau de l’extrémité la plus large et sont en contact pour que les parois soient communes à deux alvéoles. Les rayons sont entourés avec des enveloppes protectrices qui ont la consistance du papier mâché. Les enveloppes prennent de l’importance au fur et à mesure que le rayon grossit.
Les premières travailleuses sont élevées par la reine dans le premier rayon et lorsqu’elles deviennent adultes, elles vont prendre le relais. La reine peut alors se consacrer exclusivement à la ponte des œufs. Les tâches des ouvrières sont communes pour toutes les espèces de guêpes sociales. Elles se chargent de l’agrandissement du nid par l’ajout des enveloppes extérieures, de la recherche de la nourriture et de l’élevage du couvain.
L’accouplement des guêpes sociales
Chez les guêpes sociales, l’accouplement a lieu à l’extérieur du nid. Lorsqu’ils s’estiment capables de féconder une reine, les mâles vont se mettre à adopter une attitude prénuptiale semblable à celui des bourdons. Ils vont voler suivant un itinéraire en forme de boucle ou de huit sur plusieurs centaines de mètres. Ces vols incessants sont interrompus par des pauses au cours desquels ils se posent sur la feuille d’un arbre. Une future reine viendra rejoindre le mâle et ils vont copuler sur la feuille en pleine journée. La durée de cet accouplement varie de deux à trente minutes selon les espèces. Lorsqu’elle se sent fécondée, la femelle repoussera le mâle. Ce dernier encore capable de s’accoupler va se mettre à chercher une autre partenaire.
Dans le nid, la reine principale meurt et il en sera de même pour les ouvrières. Les mâles parviennent à survivre pendant quelques jours, mais ils finissent tous par trépasser. Seules survivent les jeunes reines fraichement fécondées. Elles vont quitter la colonie pour trouver un abri pour passer l’hiver.
